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SINOIR Guy (1902-1978)

Notice

Né en 1902, fils d’un notaire de Fougères, Guy Sinoir reçoit une formation de psychologue orientateur à l’Institution national d’orientation professionnelle (INOP) avant la Seconde guerre mondiale. Conseiller directeur de centres d’orientation professionnelle, il est nommé premier directeur du centre d’observation de Savigny dès 1944, avant que la toute jeune direction de l’Education surveillée, soucieuse de l’évolution des méthodes, techniques et savoirs du secteur de l’observation et de l’accueil des mineurs délinquants, ne s’attache à ses services en 1945, en tant que « conseiller technique de psychologie ». Les principes théoriques, pédagogiques et méthodologiques qu’il défend, se heurtent à d’autres acteurs de l’observation.
D’un point de vue théorique et pédagogique, la conception objective, scientifique, expérimentale de l’observation qu’il prise, vise à affirmer la spécialisation de l’observation, quitte à contrarier, à la fois l’ardeur de l’intervention éducative, prompte, à son goût, à la moralisation, et l’organisation administrative, et le fonctionnement disciplinaire du centre.
D’un point de vue méthodologique, Guy Sinoir est le rédacteur des instructions provisoires sur l’examen psychologique au centre d’observation en 1949 cherchant à établir un service de psychologie utilisant « les méthodes de la psychologie scientifique », dont les procédés tranchent avec les classifications médicales. Il introduit une dimension propre à la psychologie clinique, d’obédience psychanalytique, représentée à l’époque par Daniel Lagache. L’année suivante (le 9 septembre 1950) la chancellerie diffuse une circulaire précisant les conditions distinctes d’utilisation des examens médicaux, psychologiques et psychiatriques. La communauté des psychiatres, vent debout, y voit une menace, un défi, un affront à ses pratiques et savoirs dominants le secteur de l’observation.
Outre l’affirmation de l’autonomie scientifique de la psychologie dans le champ de l’observation des mineurs, Guy Sinoir cherche à sanctuariser sa pratique. Il défend le concept de « consultation d’orientation éducative » dont il revendique la paternité du terme. Il participe à l’installation, en 1953 à Paris (L’Arbre sec) de la première consultation spécialisée auprès du Tribunal pour enfants de la Seine.
Au début des années 1960, l’équipement de base des tribunaux pour enfants, amené à se généraliser sur l’ensemble du territoire, reçoit l’appellation de COAE, c’est-à-dire qu’à la partie nommée « Consultation d’Orientation » vient s’ajouter le terme « et d’Action Educative ». Guy Sinoir, outre ses fonctions d’inspecteur, s’implique, à la demande de l’administration centrale, dans l’organisation des services de psychologie à l’Education surveillée, en menant, à partir de 1965, une vaste enquête sur les psychologues (ils-elles sont alors 50), toujours attentifs au caractère « clinicien » de leur spécificité, et veillant au respect de l’autonomie de leurs techniques et méthodes dans l’exercice de leur métier.
Il décède en 1978 à Courbevoie.

Texte : Jean-Pierre Jurmand

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