Religieuse (1960)
Les congrégations féminines, dont celles dites du Bon Pasteur, ont le quasi monopole de la prise en charge des filles confiées par la Justice jusqu’aux années 1960. La plupart des ordres étant cloîtrés, les filles se trouvent de fait à devoir vivre au couvent. A partir des années 1950, les sœurs rompent timidement avec la clôture, allant se former à l’Institut catholique, offrant quelques sorties aux filles et ouvrant même leur porte aux journalistes.
Texte : Véronique Blanchard
Source : reportage « Il n’y a pas de filles perdues : Pour la première fois des reporters à l’intérieur des couvents… » Marie-France, avril 1960
© Marie-France
Psychologue (1958-1960)
A partir de la fin des années 1940, se généralise la pratique de l’observation. En amont ou en aval de la décision judiciaire, les mineurs sont soumis à de multiples tests afin de détecter leurs troubles du comportement. Le diagnostic est souvent réservé au médecin psychiatre, les psychologues se limitant au départ à faire passer les épreuves. C’est le cas de Monique Bauer au Hameau-école de l’Île de France, au château d’Annel, dirigé par le Docteur Robert Préaut (photo du haut) ou bien d’Odile Duchiez au centre d’observation public de Savigny-sur-Orge sous la houlette du Docteur René Bize (photo du bas).
Texte : Mathias Gardet
Sources : Sciences et vie, janvier 1958, p.89 ; Fonds ENPJJ, Savigny, années 1960
© Science et Vie / ENPJJ
Juge des enfants (1908-1957)
Malgré l’évolution de la juridiction pour les mineurs, qui préconise dès la loi du 27 juillet 1912, la mise en place de tribunaux spécifiques, de magistrats spécialisés et la disparition du cérémonial judiciaire, les premiers juges pour enfants ne seront nommés qu’en 1945. L’image du juge en robe officiant sévèrement du haut de sa chaire (image de gauche) est alors substituée par celle d’un juge en civil, recevant le jeune dans son cabinet dans un face à face qui se veut compréhensif et paternel (image de droite).
Texte : Mathias Gardet
Sources : L’Assiette au beurre, n°389, 12 septembre 1908 ; reportage d’Yvonne Renault-Magny, « La croisade des enfants perdus III », Femmes d’aujourd’hui, n°612, 24 janvier 1957
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Gardien (1895)
Les colonies pénitentiaires agricoles ou maritimes, qui se développent de la deuxième moitié du XIXe siècle jusqu’aux années 1930, se veulent être un substitut ou un complément à l’enfermement carcéral des mineurs. Comme leur nom l’indique, elles restent très fortement imprégnées de la culture pénitentiaire et le personnel qui les anime en est issu, revêtant l’uniforme traditionnel des gardiens. Les colonies disparaîtront progressivement durant la deuxième moitié du XXe siècle et les gardiens qui deviennent des surveillants avec le décret du 1er août 1919, sont désormais cantonnés aux prisons.
Texte : Mathias Gardet
Source : album de la colonie pénitentiaire des Douaires (Eure), 1895, fonds ENPJJ
© ENPJJ
Educateur de prévention (1957)
Dès le début des années 1940 des expériences marginales initient une nouvelle forme de prévention de la délinquance juvénile. Des clubs ou équipes de rue cherchent à aller au devant des jeunes des quartiers défavorisés, organisant des activités de loisirs pour les détourner de leur sociabilité de bandes, jugée dangereuse, ou des distractions considérées malsaines comme le cinéma, les fêtes foraines ou les bars. C’est le cas à Nancy où les enfants du quartier de la Hache sont invités à rejoindre le « Club des intrépides » animé par Robert Mathieu.
Texte : Mathias Gardet
Source : reportage « Ecoutez battre le cœur de la France 4 » de Stanislas Fontaine (pseudonyme de l’écrivain Albert Palle), Elle magazine, n°582, 18 février 1957
© Elle magazine
Educateur (1945-1949)
Le rééducateur ou éducateur spécialisé apparaît aux tournant des années 1940. Il cherche à se démarquer de l’image du maton de la pénitentiaire en mettant en avant un nouveau style, de nouvelles méthodes. La chorale montée en 1947 par Jacques Dietz, éducateur au centre de Ker Goat en Bretagne (image du haut), devient l’incarnation dans la réalité de l’image mythifiée par le cinéma dans le film La cage aux rossignols, sorti en salle en septembre 1945, et personnifiée par l’acteur Noël-Noël (image du bas).
Texte : Mathias Gardet
Sources : Les soirées de l’OFDA, n°4, Editions Penser vrai, 1945, fonds J. Guyomarc’h, Musée de Bretagne, 1948-49
© Musée de Bretagne
Assistante sociale (1958)
Dans les années 1950, l’image de l’assistante sociale a changé : abandonnant le costume, elles se présentent sous un jour plus féminin, robe seyante et talons hauts. Leur symbole est dorénavant la 2CV, qui a remplacé la bicyclette ou le vélo Solex pour sillonner quartiers de banlieue et routes de campagne. Leur action auprès de l’enfance en danger reste une des cibles premières de leurs enquêtes sociales.
Texte : Mathias Gardet
Source : Assistantes sociales, Paris, Hachette, collection « Carrières », 1958.
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Assistante de Police (ca 1945)
Créé de façon expérimentale en 1935 à Paris, puis en 1937 à Lyon, le corps des assistantes de police s’organise à partir de 1942, devenant un service actif après son rattachement à la direction de la Police judiciaire. Elles portent un costume demi-civil : manteau foncé « bleu préfecture », chemisier bleu clair, jupe bleue, chapeau de feutre bleu. Elles sont recrutées dans les écoles de formation d’assistantes sociales. Si dans l’optique des mouvements féministes qui défendent le projet en 1935, les assistantes de police devaient constituer des brigades qui, à l’égale de leurs collègues masculins, seraient chargées de missions de patrouille et de surveillance, avec une spécialisation sur les questions de prostitution des femmes, elles sont en fait reléguées dans un premier temps dans le domaine de la protection de l’enfance, notamment dans la répression du vagabondage scolaire. Théoriquement, elles peuvent exercer le droit d’arrestation, mais sont interdites du port d’arme. Au début des années 1950, leur présence sur la voie publique devient exceptionnelle, elles abandonnent le « travail de rue » pour se cantonner dans « le travail à domicile ». Elles retrouvent ainsi leur spécialité acquise durant leur formation dans les différentes écoles de service social : affectées à un secteur déterminé, elles procèdent à des enquêtes concernant de jeunes enfants dont elles rédigent le rapport dans des bureaux après intervention auprès des familles. Leur « sensibilité et délicatesse féminine » peuvent alors se conjuguer « harmonieusement avec l’autorité masculine » sans faire ombrage ni concurrence à leurs collègues policiers.
Texte : Mathias Gardet
Source : revue de la Police, Liaisons, n°295, 1989